La pleine conscience appliquée aux enfants

L’identification des différentes composantes de la pleine conscience permet d’avoir une première approche du potentiel interventionniste d’une Intervention psychologique basée sur la pleine conscience sur plusieurs processus à l’oeuvre chez l’enfant et l’adolescent.

1. L’entrainement cognitif

L’amélioration du contrôle exécutif, essentiel à l’individu pour s’adapter à son environnement, ou sélectionner les informations pertinentes pour agir, n’a été que très rarement étudiée dans un protocole de soin avec IBPC. Flook et al. (2010) témoignent d’une amélioration des fonctions exécutives des enfants en déficit après le suivi d’un programme de méditation sur huit semaines. Haydicky et al. (2012) ont observé de leur côté observé chez les adolescents avec troubles d’apprentissage et de l’impulsivité une progression dans leur capacité à vérifier leur travail, mesurer leurs performances ou l’effet de leurs comportements sur les autres.

TL Ngô (2013) en passant en revue les effets de la MPC sur la santé mentale, souligne l’amélioration obtenues dans différentes études différents aspects du système attentionnel comme l’orientation, la surveillance des conflits, l’alerte et l’attention soutenue.

Nous trouvons un peu plus d’études évaluant les capacités attentionnelles chez l’enfant et l’adolescent après une IBPC mais les résultats obtenus ne semblent pas convergés vers les mêmes conclusions. Par exemple Napoli et al., (2005) dans leurs travaux de recherche n’ont pas observé de meilleures capacités d’attention soutenue après l’intervention chez les enfants d’âge scolaire tandis que Bögels et al. (2008) restituent une nette amélioration chez les jeunes de 11 à 18 ans, tout de suite après la pratique du programme et huit semaines après.

Une toute dernière étude de Quan et al. (2019) a tenté de démontrer que l’entraînement à la pleine conscience pouvait améliorer l’attention et les fonctions exécutives des enfants de 3 et 4 ans. Les résultats ont mesuré les effets positifs de la pleine conscience sur deux composantes de la fonction exécutive (contrôle de l’inhibition et flexibilité cognitive) et de l’attention chez les enfants d’âge préscolaire. 20

2. L’orientation vers l’expérience

La conscience émotionnelle : Dans cette approche multidimensionnelle de la pleine conscience, le travail porte également sur l’aptitude des personnes qui pratiquent à une « attitude d’exploration et d’accueil de l’expérience, la conscience émotionnelle et une prise de distance par rapport aux pensées. » (Deplus & Lahaye, 2015). Considérant ainsi cette facette de la méditation, la pleine conscience permet de développer sa capacité à recevoir l’expérience quelle qu’elle soit, même aversive, comme une émotion négative ou un moment de douleur, etc… Cela permet ainsi une meilleure analyse de ses émotions et une meilleure maitrise de sa conscience réflexive (capacité à déceler l’émotion qui nous envahit, l’identifier et la nommer (Lane, 2000) impliquant le développement de compétences cognitives complexes. Cette régulation émotionnelle adaptative permet de changer sa relation à soi et au monde.

L’étude de van de Weijer-Bergsma et al. (2013) a pu conclure à plus de partage verbal, d’expression et de discrimination des émotions chez des enfants après une IBPC de 12 séances pendant six semaines à l’école.

La décentration des idées : En pratiquant, l’individu parvient à prendre la position d’observateur de sa propre expérience. Il prend conscience qu’il est en train de penser, ce qui lui permet de travailler sa conscience métacognitive. Le sujet ne s’intéresse pas au contenu de ses pensées mais à l’action de penser considérée comme un processus, ses pensées ne sont pas la réalité, plutôt des interprétations ou des événements mentaux subjectifs. La distanciation de ses pensées peut alors s’opérer.

3. L’engagement dans des actions en lien avec les valeurs de l’individu

Enfin, cette dernière dimension qui fait sens auprès d’une population d’enfants en pleine transition (entrée au collège pour certaines) ou d’adolescents en quête d’identité, d’avenir et de valeurs personnelles. Certains résultats d’une recherche effectuée par Bögels et al. (2008) auprès d’adolescents ont observé une meilleure atteinte de leurs objectifs après leur participation à une IBPC.

Ces premiers constats offrent des pistes de réflexion pour composer un programme adapté à une jeune audience présentant des difficultés attentionnelles et une réactivité émotionnelle. En pratiquant la pleine conscience, le sujet fait appel à l’attention soutenue, à la flexibilité attentionnelle, aux processus d’inhibition cognitive ainsi qu’à l’acceptation expérientielle interne et externe en l’inscrivant dans l’ici et maintenant. C’est sur cette base que nous avons construit notre programme de MPC. Le schéma proposé par Deplus & Lahaye en 2015 (figure 2) résume les principales techniques mises en oeuvre dans l’exercice de la pleine conscience et l’impact que ça peut avoir sur les processus psychologiques d’un individu.

Figure 2 : Techniques de pleine conscience et impact sur les processus psychologiques Deplus & Lahaye (2015)

Figure 2 : Techniques PC et impact sur les processus psychologiques Deplus & Lahaye (2015)

(Extrait Mémoire M2 – L’impact de la Méditation de Pleine Conscience sur les troubles attentionnels et les comportements des enfants au sein d’un atelier à médiation corporelle).

Références Bibliographiques : consulter ici